Auteur : Arthur Rimbaud
Durée du spectacle : 45 min
Conception / Scénographie : Anaïs Müller Jeu : Anais Muller, Thomas Pasquelin
« L’amour est à réinventer »
Le spectacle « Un cœur sous une soutane » est, avant tout, destiné aux collégiens et lycéens. Rimbaud est un génie, un adolescent, c’est un poète unique, il se dérobe, son mystère nous dépasse. Je souhaitais offrir ce spectacle écrit par un adolescent : Rimbaud à des adolescents. L’adolescence est une période ou l’on est confronté aux grandes questions existentielles, à la mort, au sens de la vie, à l’amour. C’est l’âge où l’on commence à se forger une personnalité, l’adolescent a besoin de modèles, d’inspirations, et les poètes peuvent être des maîtres qui seront pour le restant d’une vie des référents, des piliers. Rimbaud incarne le rebelle qui transgresse les règles, il a provoqué, jeté au feu ses premiers prix, il a fait ce qu’il était défendu de faire, et les adolescents peuvent se retrouver dans ce rebelle amboyant. Rimbaud est le phénix de la liberté, il incarne la jeunesse et la remise en cause et quel adolescent ne cherche pas les limites de sa propre liberté. Rimbaud écrit ses premiers poèmes de quatorze ans à seize ans puis entre dix sept ans et vingt ans il écrira la « Saison en Enfer». Dès le début, sa poésie est révolte, comme elle est un amour déçu, comme elle est le désir du nouvel amour.Avec deux acteurs se saisissant de la poésie de Rimbaud nous feront entrer peu à peu le public dans un monde et au cœur de l’écri- ture, nous chercherons à communier avec le public pour qu’il ait le sentiment lui même de devenir Rimbaud. Ce spectacle est une façon de plonger en soi-même au plus profond car c’est ce que demande la poésie. Les poètes sondent l’âme humaine. Il n’y a aucune séduction chez Rimbaud, aucun effort pour être compris. Il est d’une arrogance absolu. Ainsi les acteurs tenteront d’incarner ou plutôt de se laisser traverser par ce ot de poésie puisque JE est un autre et que la vraie vie est absente.
– Intimités d’un séminariste. –
Ce texte avait été remis à Izambard, en 1870 vraisemblablement (Verlaine, écrivant à Vanier, le mentionne parmi les textes de Rimbaud qui appartiennent à Izambard). Il n’a été publié pour la première fois, préfacé par Louis Aragon et André Breton, qu’en 1924. On comprend facilement la raison du silence fait sur cette nouvelle : avec une certaine verve satirique, Rimbaud campe ici un personnage de séminariste qui est une caricature de ses camarades du collège de Charleville. On sait que l’enseigne- ment y était donné à la fois aux élèves laïques et aux élèves du séminaire voisin, qui venaient en soutane. Ce ton anticlérical ne pouvait que déplaire à Verlaine, et effrayer Izambard lui-même. Ce texte est une gaminerie, sans doute écrite très vite (Rimbaud n’a fait que quelques corrections insigni antes), mais assez virulente, et qui en dit long sur son état d’esprit de l’époque.
Extrait
«Désormais, je laisse à la muse divine le soin de bercer ma douleur; martyr d’amour à dix-huit ans, et, dans mon af iction, pensant à un autre martyr du sexe qui fait nos joies et nos bonheurs, n’ayant plus celle que j’aime, je vais aimer la foi! Que le Christ, que Marie me pressent sur leur sein: je les suis: je ne suis pas digne de dénouer les cordons des souliers de Jésus; mais ma douleur! Mais mon supplice! Moi aussi, à dix-huit ans et sept mois, je porte une croix, une couronne d’épines! Mais, dans la main, au lieu d’un roseau, j’ai une cithare! Là sera le dictame à ma plaie!»